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12 janvier 2006

Proselytisme

Pourquoi les juifs ne sont-ils pas prosélytes?

Parce que plus qu'une religion, le Judaïsme est une Histoire.

Maintes fois combattue, la religion juive reste suffisamment vivace pour embarrasser celles qui s'en sont inspirées. Peut-être était-ce un temps pour tenter de faire oublier la source qui les a engendrées.

Le fait d'être né dans le tissu de cette histoire, de découvrir que cette culture a survécu sans terre durant des millénaires, qu'elle s'est fondue dans toutes sociétés qu'elle a traversées sans perdre son âme est fascinant.

Découvrir les persécutions que les juifs ont subi siècle après siècle, constater qu'Israël devient le "bouc émissaire" de cette maladie étrange qui envahit l'esprit de certains jusqu'à en faire des mono maniaques de la haine du juif est déroutant. Cette prise de conscience réveille inexorablement l'appartenance à ce peuple millénaire. Le plus étrange est que souvent, l'être que les antisémites veulent détruire leur ressemble infiniment, qu'ils le côtoient quotidiennement sans le reconnaître ! Il semble que le mot les répugne plus que l'image! Cette représentation qui, depuis de siècles, leur a été transmise et qu'ils ont appris à identifier comme l'incarnation du mal !

La haine obsessionnelle du juif, d'abord véhiculée par l'Église puis l'Islam a atteint son apogée avec le nazisme. Un relais politico philosophique qui a révélé le plus haut degré de cruauté humaine imaginable. Dans une des nations les plus évoluées au monde, et cautionnée par un géant de la philosophie. Martin Heidegger s'était qui inscrit au Parti Nazi en 1933. Il n'ignorait pas sa doctrine raciale. Les plus grands esprits peuvent s'égarer lorsque la culture tente de se passer de la spiritualité. La culture n'a jamais été garante de l'éthique.

Pourtant le judaïsme est ouvert à qui veut entrer mais la porte reste étroite. Le rituel rigide et contraignant dont se sont débarrassées les suivantes pour favoriser le prosélytisme, semble un obstacle majeur. En réalité, être juif nécessite un retour vers le décryptage complexe des textes sacrés et l'océan des commentaires qui s'y rattachent. Pour certains le rituel suffit à combler leur attente. Pour la plupart, être Juif c'est rester rattaché à une Histoire et l'assumer.

• La Haggadah nous rappelle que nos ancêtres ont été des guérim sur ce qui deviendra la terre d'Israël et pratiquaient l'idôlatrie (âvoda zara), et ils furent guérim en Égypte, avec tous ce qui définit négativement aussi cette situation aux yeux des autres. Les prototypes sont Avram et Saraï qui accèderont à la connaissance, auront leur nom changé en Avraham et Sarah et deviendront les ancêtres des juifs. La situation de converti n'est donc pas extérieure à ce qu'est le juif ; au contraire, c'est l'essence du parcours juif. C'est pour cela que Yitro est placé avant même la phase de révélation par le don de la Torah (voir le commentaire de cette paracha). La conversion étant totale au niveau de l'identité, il est interdit de faire allusion à l'état d'un converti, ce qui serait rappeler son passé ; et cela, pendant dix générations.
Il n'y a pas de conversion sans circoncision et tévila (immersion rituelle dans le miqvé) pour l'homme

L'idée dominante dans le Judaïsme est la discipline. L'Homme doit se soumettre à la loi pour servir Dieu.

Pour les chrétiens Dieu est tout Amour, le pardon acquis pour qui le demande.

Les protestants se sont débarrassés du péché originel pour faire du don de la vie une grâce. Il n'y a plus de contrainte.

L'Islam s'épanouit dans la soumission à Dieu et son prophète.

Le Bouddhisme, religion sans dogme et sans théologie, encourage la recherche personnelle de l'équilibre intérieur. Une expérience personnelle de la fragilité et de la tolérance.

L'Histoire juive s'est perpétuée sans terre, alors que sa spiritualité est sous tendue par la promesse divine d'y aboutir. La terre promise n'est toujours pas celle ou coulent le lait et le miel. L'Histoire n'est pas finie. Si le Judaïsme n'est pas prosélyte c'est peut-être parce qu'il a son attente et ne l'impose à personne.

Ni le Christ ni Mahomet n'ont mis fin à la haine des juifs. Qui a pu expliquer cette haine séculaire? Le Messie accomplira sans doute ce miracle. Les juifs ne sont pas prosélytes parce qu'ils n'ont pas encore reçu de réponse

18 juillet 2003

Comprendre

J'aimerais tant comprendre!
S'il est une question qui me revient sans cesse s'agissant des comportements obsessionnels, c'est celle de l'antisémitisme. Plus précisément, la haine du juif!
Une histoire ancienne puisque dans notre tradition elle prend sa source à la cour du pharaon:
Ex 1,8-10
8 Un nouveau roi commença à régner sur l'Égypte, mais il ne savait rien de Joseph. 9 Il dit à son peuple : « Voyez, les Israélites forment un peuple plus nombreux et plus fort que nous. 10 Il faut trouver un moyen pour limiter leur nombre.
On connait la suite jusqu'
à la sortie d'Egypte. Depuis cette exode conduite par Moïse à nos jours avec ce nouvel espoir suscité par la naissance d'un Etat juif en Israël, il n'y eut jamais de cesse.Pourquoi? Pourquoi cette haine passionnelle, viscérale, presque génétique? Peut être en fin de compte culturelle?
Il y a, nous dit-on, des causes multiples, religieuses, politiques, raciales, Les justifications ne manquent pas. Il ne serait pas compliqué d'en trouver d'autres: il faut un "bouc émissaire" pour évacuer les turpitudes de cette partie de l'espèce humaine qui a "inventé" Dieu!
Ceux qui l'ont inventé gardent encore des descendants, ce Dieu a évolué, ce peuple a sécrété un juif plus pur que tous ses contemporains, qui a choisi de devenir "le bouc émissaire". Qui a été sacrifié, que l'on a divinisé près d'un siècle après sa mort "apparente" puisqu'il est ressuscité selon la foi catholique. Alors pourquoi les juifs "peuple déicide"? Puisqu'il n'est pas mort? L'intention vaut l'action? Qu'est devenu le message? "Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font !". Cette rancune tenace à l'égard de ceux qui n'y ont pas cru et surtout de leurs descendants, s'est longtemps inscrite dans la culture catholique comme un gage de la foi. Faire disparaître virtuellement ou physiquement toute trace de l'antériorité. Développer un enseignement où l'amour du Christ implique de le détacher de ses racines culturelles juives qui imprègnent pourtant si fort les évangiles. Il en est de même pour le Coran où Mahomet cite copieusement ses sources bibliques pour y substituer ses convictions.
Si Socrate nous a éclairés sur ce que nous appelons souvent en raccourci "la sottise", c'est qu'il en a découvert la source, la seule: l'Ignorance!
L'intolérance est fille de l'ignorance, elle peut enfanter la haine et l'antisémitisme n'est que son expression sociale. Si le juif n'existait pas, il faudrait l'inventer ? JP Sartre semblait le croire.
La moitié de la planète, chrétiens et musulmans, pétris de catéchisme élémentaire ou de phrases coraniques sans commentaires, ont entendu parler de ce petit peuple qui a écrit une partie de leur histoire mais qui, selon leur croyance en est resté à des valeurs méprisables.
Il y a aussi les communistes qui ne leur pardonnent pas leur marginalité, les nazis qui trouvèrent naturel de les anéantir uniquement pour leur identité et qui trouvèrent tant de relais à cette haine mécanique. Staline n'a pas laiss
é sa part.(Vassili Grossman-Vie et destin)
Les juifs ne sont pourtant pas un peuple prosélyte.
Le prosélytisme est parfois une démarche généreuse, qui tente d'apporter "la bonne nouvelle" en des endroits perdus. Cette action militante devient volontiers guerrière lorsqu'elle rencontre une résistance. Celui qui connaît le chemin de Dieu a-il besoin de l'imposer ou de sacrifier ceux qui ne croient pas à cette démarche? Il est dans sa vérité et seule en est témoin la cohérence de son comportement et de ses actes.
La violence des Espagnols sous l'impulsion de la reine Isabelle dite "la Catholique", l'agressivité de Torquemada à l'égard des "infidèles", les douloureuses avancées de l'Islam conquérant qui a converti les millions d'hommes encore vierges du christianisme. Parfois la lutte fut sans merci entre les deux tenants de l'héritage. Les cinq croisades en restent les témoins encore chauds. Les juifs sont une poignée. Pour ceux qui les connaissent ils sont restés obsessionnels de la culture. Ils s'imprègnent très vite des valeurs qui leurs sont proposées et souvent les ouvrent vers de nouvelles perspectives. Ils en arrivent parfois à s'oublier comme juifs pour n'être que leur message. Une forme de prophétisme viscéral qui leur vaut souvent la même vindicte qu'à tous les prophètes. Ces empêcheurs de "tourner en rond".
Marx, juif de naissance haïssait les juifs, Freud prenait ses distances, Einstein ne s'en préoccupait que pour fuir les nazis, Bergson s'est converti, certains vivent en Israël pour mieux valider leurs tourments et dire leur haine abrités par une démocratie futuriste.
Je comprends chaque antisémite qui a dans son paysage un juif qui l'irrite parce qu'il n'est pas transparent. Le pauvre docteur Destouches alias Louis Ferdinand Celine n'a pas eu assez de tout son talent litteraire pour faire oublier "Bagatelle pour un massacre" qu'il cracha en six mois pour se vider de sa haine visc
érale, en pleine apogée du nazisme. Je comprends mal que les plus grandes intelligences se soient laissées prendre à cette misère intellectuelle: Hommes d'Etat, écrivains, savants, historiens, philosophes, hommes politiques, hommes religieux. Tous les domaines de l'intelligence humaine ont mêlé un jour ou l'autre ce concept de haine à leurs convictions. Sans autre support que le comportement de l'autre jugé au travers de grilles savamment instillées dans la conscience collective par les cultures dominantes.
Pros
élyte pourquoi??
Juin 2003