Parlant de la Bible, Léon Askénazi écrit:
Les Juifs n'y trouvent pas seulement le sens à leur rapport avec les nations, mais aussi une information, la seule vraie par delà toutes les sociologies et toutes les psychanalyses, sur leur être intime, la définition finale de leur spécificité, la réponse immédiate à leur ``Que suis-je?, à leur "Qui suis-je ?''. Lisant la Bible, le Juif lit sa propre carte d'identité.
Il se définit par rapport à l'horizontale du temps, il se réinsère dans la verticale d'une histoire ininterrompue - par rapport à ces Hébreux qui, il y a trois mille cinq cents ans, entendirent la Torah au pied du mont Sinaï. Nulle idée de racisme en cela. Le Juif d'aujourd'hui peut descendre par la chair, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ; mais plus souvent, il descend de ceux qui, au long des siècles, sont venus s'ajouter aux lecteurs hébreux de la Bible.
L'histoire n'est ni une succession d'évènements, ni l'accomplissement d'un ordre théorique. L'histoire est le processus réel de la formation des identités, ou comme le disait Léon Askenazi, l'histoire est le processus réel de l'engendrement du fils de l'homme. Chaque peuple, chaque civilisation représente un nouveau modèle, chaque fois incomplet de l'humain et cela ne saurait nous satisfaire. Grâce à la Torah, nous savons d'où nous venons et où nous allons. Malachie était le dernier prophète, la prophétie s'est arrêtée, mais elle renaîtra et toute l'humanité nous rejoindra.
Le fondement premier de la pensée de Léon Askenazi est cette vision grandiose de l'histoire qu'il n'a cessé de développer et de raffiner. Le moindre évènement biblique, la moindre page talmudique, la moindre loi, trouve sa place dans ce cadre. Exemple : dans son principe, la barmitzva marque le moment où l'être engendré devient à son tour capable d'engendrer, va prendre sa place dans la chaîne des générations.
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